NOBILE
Le personnage central de l’énigme est l’explorateur polaire norvégien Roald Amundsen (1872-1928). Fasciné dans sa jeunesse par l’exploit de son compatriote Fridtjof Nansen qui a traversé le Groenland à ski en 1889, le jeune Amundsen rêve d’être explorateur polaire. Après des études de médecine ratées, il s’embarque en 1896 comme second sur le Belgica qui part explorer la terre de Graham en Antarctique. Revenu en Norvège, il vend ses parts dans l’entreprise familiale, achète un petit navire de pêche, le Gjøa, et se met en tête de franchir le passage du Nord-Ouest, c’est-à-dire de relier l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord en passant au Nord du Canada (« je suis l’homme… du Nord-Ouest »). Entreprise hasardeuse que d’autre avant lui (Jean Cabot, Jacques Cartier, Henry Hudson, John Franklin…) avaient tentée en vain. Bloqué deux ans par les glaces, il vit au contact des Inuits et apprend leur langue et leurs techniques (« minutieux, sachant apprendre des indigènes »). Finalement, il parvient à atteindre la Pacifique Nord en août 1905 et arrive à Nome, en Alaska, en 1906. Là, il apprend que la Norvège a obtenu son indépendance de la Suède et est désormais gouvernée par le roi Haakon VII (« sujet d’un nouveau roi »). La traversée du passage du Nord-Ouest est donc le premier exploit de la jeune nation.
De retour en Europe, Amundsen se dote d’un nouveau bateau, le Fram, et envisage d’essayer d’atteindre le pôle Nord. Malheureusement, en septembre 1909, deux américains, Frederick Cook et Robert Peary, prétendent tous deux avoir atteint séparément le Pôle Nord géographique. Laissant la polémique enfler (le Sénat américain finira par trancher la controverse en faveur de Peary, mais l’analyse moderne des carnets de voyage des deux explorateurs laisse penser que ni l’un ni l’autre n’a réellement atteint le pôle Nord…), Roald Amudsen se fixe un autre objectif : le Pôle Sud (« Car je suis l’homme du Sud, bien sûr »). Là encore, l’entreprise est difficile car une expédition de grande envergure, l’opération Terra Nova, vient d’être lancée par l’Anglais Robert Scott. Son but est précisément d’ « atteindre le pôle Sud et garantir à l’empire Britannique l’honneur de cette réalisation ». Nullement impressionné, Amundsen appareille d’Oslo le 3 juin 1910 sans dire à son équipage le but final du voyage. Il ne le dévoile qu’une fois arrivé à Madère. C’est de là qu’il envoie un télégramme à Scott : « Prends liberté vous informer Fram fait route vers l’Antarctique ». Scott arrive en Antarctique le 4 janvier 1911 et s’installe près de l’île de Ross. Amundsen arrive le 14 janvier et s’installe un peu à l’est dans la baie des baleines. Les deux explorateurs vont passer l’hiver austral à préparer leur expédition depuis leur camp de base. Scott a refusé de miser sur les chiens de traîneaux et a apporté avec lui des véhicules à chenilles et des poneys. Amundsen à, au contraire, tout misé sur les chiens et sur des déplacement à ski. Après une tentative ratée en septembre, Amundsen s’élance le 19 octobre 1911 avec quatre compagnons, quatre traineaux et 52 chiens. Scott part le 1er novembre 1911 avec une caravane beaucoup plus imposante. Malheureusement pour lui, les poneys se révèlent peu adaptés et peu résistants. Amundsen arrive le premier au Pôle Sud, le 14 décembre 2011 (« j’ai battu l’expédition de l’Empire »). Il y laisse une tente avec une lettre pour le roi Haakon au cas où ils périraient sur le voyage retour. Scott n’arrive que le 17 janvier et découvre qu’il a été devancé. « Le pire est arrivé… tous les rêves éveillés s’en vont… Ceci est un endroit horrible », écrira-t-il dans son journal. Alors qu’Amundsen et ses compagnons rentrent à leur camp de base le 25 janvier 1911 avec seulement 11 chiens. Ils n’ont pas hésité à sacrifier les chiens les plus faibles pour nourrir les autres… Malheureusement, l’expédition de Scott se retrouve prise dans de terribles conditions météorologiques et se perd dans le blizzard. Aucun ne rentrera. D’après son journal, Scott sera le dernier à mourir ; son corps ne sera retrouvé que le 12 novembre. En apprenant la nouvelle de la mort de son adversaire, Amundsen aurait dit : « Je serais heureux de renoncer à tout honneur ou à l'argent si cela avait pu sauver Scott de sa mort terrible » (« Mais je ne suis pas un monstre et j’aurai tout donné – et ma gloire et ma fortune – pour les sauver… »).
Amundsen ne s’arrête pas sur ce succès. En 1918, il franchit le passage du Nord-Est qui relie l’Atlantique Nord au Pacifique Nord en passant le long des côtes russes (« je suis l’homme…du Nord-Est »). Il n’est cependant pas le premier puisque le passage a déjà été ouvert par le suédois Nordenskiold, en 1879. La même année, il passe son brevet de pilote et, en 1925, tente en vain de rallier le Pôle Nord en avion. Le 11 mai 1926, à bord du dirigeable le Norge où se trouve aussi l’ingénieur italien Umberto Nobile, il survole le Pôle Nord et atterrit en Alaska deux jours plus tard. S’il était avéré un jour que Cook et Peary n’ont jamais atteint le Pôle Nord, alors Amundsen serait le premier à avoir atteint les deux Pôles (« Je suis aussi l’homme du Nord »)…
Dans les années suivantes, il se brouille avec Nobile, mais, quand en juin 1928, celui-ci disparait en dirigeable au nord du Spitzberg, Amundsen accepte de participer à la mission de sauvetage. Le 18 juin 1928, il embarque à bord d’un hydravion de la marine nationale française. L’avion ne reviendra pas et ne sera jamais retrouvé (« C’est d’ailleurs l’amitié qui m’a perdu. L’amitié pour cet Italien »)…
Il faudra attendre 1968 pour qu’une expédition terrestre utilisant des motoneiges atteigne le Pôle Nord par voie terrestre.
Le personnage central était donc Roald Amundsen. C’est en recherchant l’italien Nobile qu’il a perdu la vie. La bonne réponse était donc Nobile.
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